© L.Esquerré, Ivry-sur-Seine, 2012
DESSINER ET PEINDRE POUR SCULPTER
Né à Toulouse, c’est à Paris que Laurent Esquerré fait les Beaux-arts dont il sort diplômé en 1992 avec les félicitations du jury. Il vit et travaille aujourd’hui à Paris et Montreuil.
Après un séjour à Naples en 2000 et la découverte de la technique de la céramique, il choisit comme support privilégié la terre qu’il modèle et travaille de ses visions et de ses “monstres“ dans l’atelier Not Frères.
Au cœur de sa démarche réside cet impact de la matière et du regard. Ses œuvres relèvent de ce que Harald Szeeman avait dénommé en 1972 “mythologie personnelle“. Loin d’être une notion anecdotique à la fois dans les champs croisés du mythe et de l’individu moderne, la mythologie individuelle – ou autofiction – peut être considérée comme le nouveau régime esthétique et identitaire de la modernité avancée.
Dessiner et peindre pour créer, ré-inventer des histoires sculptées en toute liberté. Dès lors s’ensuivent et ce, jusqu’à aujourd’hui, plusieurs expositions en France et à l’étranger.
En 2006, l’artiste a carte blanche pour investir la chapelle de Miséricorde à Vallauris à l’occasion de la Biennale Internationale de Céramique. Les formats des sculptures sont de plus en plus importants. Se retrouvent à taille humaine des lièvres disproportionnés où l’animal se mêle au minéral dans une synthèse inédite et vibrante.
En 2008, une importante exposition au Château de Laréole retrace son parcours artistique et rend compte de la multiplicité de ses pratiques. Deux ans après, l’artiste est invité à participer à Circuit Céramique au Musée des Arts Décoratifs de Paris.
En 2010, une rencontre avec le Pays de Fougères en Bretagne et ses routes bordées de calvaires lui permet de célébrer dans une vision très personnelle ces monuments religieux. Son Calvaire d’argile, sculpture de plus de 2 m de haut, sera tour à tour présenté à Bazouges-la-Pérouse, à la 16ème Biennale de Céramique de Châteauroux, et enfin au Musée des Arts et du Design de New York dans le cadre de l’exposition Body and Soul : New International Ceramics.
Le retour et l’installation de l’artiste aux portes de Paris lui permettent d’expérimenter d’autres matériaux. Il crée ainsi en 2012 une installation sculptée monumentale pour la chapelle Saint-Louis de Poitiers. Pour ce faire, il utilise des kilomètres de feuilles de papier d’aluminium, matière qu’il se plait à modeler comme de l’argile, consolidée, ici, par une armature de métal soudé, et qui correspond à une recherche d’élévation après les pesanteurs expérimentées de la terre. En 2015, pour sa carte blanche à la galerie Julio Gonzalez à Arcueil qu’il intitule L’Anankè, il choisit encore cette matière irradiante, ductile et légère pour façonner une série de sculptures inédites d’un nouvel ordre baroque.
C’est lors d’un nouveau séjour italien en 2013, à Vietri sul Mare, que Laurent Esquerré découvre l’atelier Ceramica Santoriello avec lequel de nombreux artistes tels que Ettore Sottsass, Enzo Cucchi, Ugo Marano, ou encore Miquel Barcelo ont collaboré. Une résidence artistique y est programmée pour la réalisation de quatre géants d’argile, entre 2 et 3 m de hauteur et d’un seul bloc chacun.
Essayer de travailler le grand avec autant de franchise et de liberté que le petit, là était tout l’enjeu de cette aventure, commente le sculpteur.
L’aboutissement de cette fructueuse période de créations et d’échanges passionnants entre l’artiste et l’artisan Vincenzo Santoriello est célébré dès 2016 par l’exposition de l’imposant Lièvre San Gennaro pour le 116 – Centre d’art contemporain à Montreuil, et par la commande publique, Les Quatre Vivants, pour la Cathédrale Saint-Pierre à Rennes (inauguration en juin 2019).