Expositions
Galerie Saint Séverin
23 février – 23 avril
visible jour et nuit
Sur une invitation d’Yves Sabourin, commissaire à la Galerie Saint-Séverin à Paris, Laurent Esquerré nous livre une nouvelle installation contextuelle en feuilles de papier d’aluminium.
Comme ses précédents travaux, l’artiste joue avec cette nouvelle matière sculptée, légère et irradiante, qu’il avait déjà employée pour l’œuvre monumentale « La jeune femme à la barque » à Poitiers en 2012. Il y trouve un autre moyen de façonner en utilisant les mêmes gestes techniques que pour le modelage en terre consolidé, ici, par une armature de métal. Tel Gilliatt, Laurent Esquerré s’imagine ici « (…) que si l’on pouvait mettre la terre à sec d’atmosphère, et que si l’on pêchait l’air comme on pêche un étang, on y trouverait une foule d’êtres surprenants. »
Le point de vue de Yves Sabourin, commissaire
(…) Pour Les poissons de l’air, l’artiste reprend la lecture de Victor Hugo dont un de ses romans » Les travailleurs de la mer » (1866), écrit durant son exil à Guernesey, qui lui inspire déjà en 2015 son impressionnante sculpture Gilliatt érigée en feuilles d’aluminium. (…) L’œuvre créée in situ pour la Galerie Saint-Séverin présente ici l’image d’une tête de jeune fille émergeant de l’eau invisible tandis que deux poissons hybrides, écorchés et pourtant bien vivants, montent la garde en nageant dans l’air. Comme sous la plume de l’illustre écrivain, les éléments se mélangent et s’échangent : le ciel devient la mer, l’air devient l’eau. Est-ce tout simplement le portrait sentimental de l’héroïne du roman ou bien celui idéalisé d’une héroïne qui triomphe de l’Amour dans la plénitude ?
Le choix d’une tête seule comme sujet principal n’est pas commun mais Laurent Esquerré tente et réussit à faire respirer ce paysage onirique par la transformation de la feuille d’aluminium en « pulpe d’aluminium » dixit l’artiste qui nous embarque dans l’univers fantastico-romantique de Victor Hugo pour nous faire aborder les rivages du baroque. (…) Dans cette incontournable nécessité, l’artiste incarne les matériaux, manie brillamment les éléments et s’inspire avec une belle désinvolture du Baroque comme du Romantisme : c’est un nouveau sculpteur.