Chaque année, la Galerie Julio Gonzalez d’Arcueil laisse carte blanche à un artiste de renom : Antoni Tapies, Jean-Pierre Pincemin, Vincent Corpet, Duncan Wylie, Martine Schildge, Iris Levasseur …
En 2015, c’est au tour de Laurent Esquerré d’investir les lieux et de présenter un ensemble de sculptures inédites, ainsi que quelques oeuvres en deux dimensions, dans une exposition intitulée ″L’Anankè″.
Le sculpteur découvre la force cachée de la terre dont il privilégie la technique dès l’année 2000. Cela ne l’empêche pas pour autant d’expérimenter les matériaux les plus divers : du bois à la cire, en passant par le métal soudé, ou encore la feuille d’aluminium alimentaire. L’artiste utilise, notamment pour les oeuvres de grand format, cette nouvelle matière irradiante et légère, qu’il avait déjà employée pour l’exposition La jeune femme à la barque à Poitiers en 2012. Il y trouve un autre moyen de façonner en utilisant les mêmes gestes techniques que pour le modelage en terre consolidé, ici, par une armature de métal.
Le titre ″L’Anankè″ renvoie au livre de Victor Hugo, Les Travailleurs de la mer, qui pose la question du sens de l’univers et de la destinée. Laurent Esquerré est un de ces personnages « hugoliens » hanté par les pouvoirs du songe, de l’imaginaire, et les mystères de la création.
Trois sculptures monumentales en feuilles d’aluminium nous accueillent. D’abord, un oiseau mystérieux s’avance fièrement vers nous. Ses ailes sont devenues des mains jointes en prière. À l’opposé, l’Homme qui rit porte sa tête en offrande et a reçu des ailes, cette fois déployées. Plus loin, l’étreinte sensuelle et brutale de Gilliat et la Pieuvre nous plonge dans les mailles d’un baroque nouveau. Enfin, une série de dessins dialogue avec les pièces sculptées et clôturent une histoire riche de pistes possibles.